Forts des résultats obtenus par leurs collègues d’autres tribunaux et d’autres chambres de leur tribunal créateurs de « CRA », certains magistrats, siégeant en chambres fiscales, ont décidé d’ouvrir la CRA-F, la chambre de règlement à l’amiable fiscale en leur sein.
Quelle avancée pour les modes de règlement amiable des conflits qui intègrent ainsi la sacro-sainte procédure fiscale !
Si cette chambre sera exécutive en septembre 2023, on peut dès à présent lire l’avis, ci-après, affiché dans les salles d’audience et au greffe fiscal du tribunal, qui nous invite à la saisir dès aujourd’hui pour avoir une fixation à la rentrée :
La conciliation est possible … même dans les affaires fiscales
On ne peut transiger dans les litiges fiscaux et cette matière touche à l’ordre public, c’est entendu.
Il est néanmoins possible de s’accorder sur tout ou partie des points déterminants, dans le respect de la loi.
Le juge peut y aider les parties dans le cadre d’une phase de conciliation, distincte de la voie classique.
Moyennant l’accord des parties à ce sujet, tout est strictement confidentiel au cours de cette phase. Les parties comparaissent personnellement et elles sont assistées par leur avocat. Le juge peut les aider à restaurer le dialogue et les guider vers des solutions.
En cas de succès : les parties parviennent elles-mêmes à trouver une solution, globale ou partielle, dans un temps record et pour un coût limité (l’indemnité de procédure peut être évitée).
En l’absence de conciliation : on retourne à la procédure classique, devant un autre juge qui tranchera le litige, et tout ce qui s’est échangé lors de la phase de conciliation reste confidentiel.
Ceci vous intéresse ? Vous avez des questions ? Le magistrat et le greffier sont à votre disposition.
Des informations pratiques complémentaires seront diffusées prochainement sur le site internet du Tribunal et une note explicative apparaîtra bientôt dans les avis de fixation.
Si un rapprochement est possible entre parties (administration fiscale et contribuable en l’occurrence), la CRA-F peut dès à présent être saisie sur simple demande conjointe adressée au greffe, l’accord des deux parties étant requis à ce stade.
La fixation se veut rapide et le processus strictement confidentiel est destiné à mettre les parties en présence d’un magistrat spécialisé en la matière pour les aider à y voir plus clair dans leurs oppositions et positions respectives. En cas d’échec, il n’engendrera aucun retard dans la phase de jugement, étant donné que le tribunal a opté pour le système de la double fixation devant la CRA-F et devant la chambre ordinaire en vue des plaidoiries.
La réussite de ce nouvel outil dépendra essentiellement de ce que les praticiens de la matière et les administrations fiscales en feront.
Aussi, parlez-en avec vos clients et expliquez-leur comment elle fonctionne, les garanties mises en place en termes de confidentialité et de double fixation, et surtout ce qu’elle pourrait apporter à leurs dossiers : une clôture rapide à moindre coût à laquelle les parties auront adhéré, soit une fin totalement inédite en la matière !
Cécile MEERT,
Avocat au Barreau de Bruxelles,
Médiateur agréé en matière civile en commerciale